Le VIH (virus de l’immunodéficience humaine), responsable du SIDA, est le seul virus connu qui s’attaque au système immunitaire. Transmis par voie sexuelle ou sanguine, il cible les globules blancs, en particulier les lymphocytes T4.
Les lymphocytes T4 ont un rôle essentiel au sein des défenses de ton corps. Ces sont eux qui dirigent l’infanterie immunitaire lorsque survient un corps étranger. Mais lors d’une infection au VIH, les virus se fixent à certains récepteurs présents à la surface des T4 pour fusionner avec eux. Leur but ? Détourner les mécanismes immunitaires de la victime pour se propager au maximum.
Si aujourd’hui certains traitements, comme la trithérapie, permettent de contrôler l’infection en limitant la multiplication du virus, aucun ne permet de s’en débarrasser. Jusqu’à récemment, une seule personne avait été reconnue officiellement guérie du VIH. Mais depuis le début du mois de mars 2019, il y aurait deux cas, peut-être même trois.
Comment ? Ces trois personnes ont subi de lourds traitements médicaux destinés à traiter non pas leur VIH, mais des cancers liés au système immunitaire. Imagine ces traitements comme un reformatage d’envergure de l’ordinateur immunitaire : le disque dur est entièrement effacé et un nouveau logiciel est réinstallé. Ici, le disque dur, ce sont les cellules immunitaires cancéreuses des patients, également porteuses du VIH. Le nouveau logiciel, c’est une moelle osseuse prélevée sur un donneur sain, greffée au patient. Cette dernière est une véritable pouponnière à lymphocytes. La greffe permet donc de renouveler le réservoir de globules blancs des patients traités.
Dans les cas des 3 patients qui nous intéressent, les donneurs de moelle présentaient tous une mutation génétique rare qui rend le VIH incapable de s’accrocher aux récepteurs-cibles à la surface des T4. Les nouveaux lymphocytes produits suite à la greffe possèdent donc cette mutation rare. Le VIH ne peut plus entrer dans les cellules pour s’y multiplier.
Mais cette intervention médicale dangereuse n’est utilisée qu’en dernier recours. Il ne serait pas réaliste de l’étendre aux 37 millions de personnes vivant actuellement avec le VIH dans le monde, d’autant plus que la fameuse mutation ne protège pas contre toutes les souches du virus. Ces cas de guérison ouvrent cependant la porte à de nouvelles stratégies de lutte contre la pandémie de SIDA qui sévit depuis plus de 35 ans.
Publié le 20 mars 2019 sur le site internet de Québec Science