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  • Photo du rédacteurRachel Hussherr

Risquer la créativité dans un "living lab"

Dernière mise à jour : 4 juil. 2022

Et si, en tant qu’utilisateur, c’est vous qui choisissiez la meilleure façon de concevoir le produit dont vous avez besoin dans votre quotidien?


D'utilisateurs à concepteurs

"La recette de la réussite ? Il n’y en a pas. Cela dépend de ta cuisine et de tes ustensiles. Tu as beau avoir tous tes ingrédients, si tu n’as pas ton fouet à main, cela pourrait tout faire rater"

C’est un des principes fondateurs de la démarche du living Lab, Laboratoire vivant de sa traduction française. Jun Xiao et Sandrine Ducruc en testent actuellement le succès dans plusieurs localités du Québec par la mise en place d’espaces d’innovation sociale en agroalimentaire, dans la MRC (municipalité régionale de comté) d’Argentueil et la ville de Longueuil notamment.


« Un living lab est une démarche; c'est la création d’un écosystème » en constante évolution, qui « réunit atour d’un problème, d’une idée, un comité d’acteurs composé autant des utilisateurs, des chercheurs que des intervenants privés » explique Mme Xiao, principale instigatrice du projet qui allie développement territorial et innovation sociale. « Par exemple, dans la MRC d’Argenteuil, nous sommes à la base de la création d’un comité qui vise à relever le défi de l’insécurité alimentaire locale et à fournir un accès à la nourriture pour tous », poursuit la jeune chercheuse.


Un processus de longue haleine


Presque deux ans après l’initiation de ce living Lab, les deux jeunes femmes, chargées de projet au CISA (Centre d’innovation sociale en agriculture), retracent leur cheminement sinueux. Au début, « on s’est un peu pris les pieds dans le tapis en essayant avant tout de présenter le concept théorique du living lab aux agriculteurs impliqués. Mais à le refaire, on choisirait de vivre le projet dès le départ en créant avec eux des ateliers de cocréation » raconte Sandrine.


« Maintenant, la phase initiatrice d’immersion touche à sa fin », poursuit Mme Ducruc. Cette étape vise à constituer et stabiliser le comité d’acteurs afin qu’il devienne une véritable équipe, à la manière d’un écosystème qui trouve son équilibre. Une fois cet équilibre atteint, viendra la phase de cocréation : « on cherche alors ensemble des solutions aux problèmes qui se posent ». Ces solutions seront ensuite testées pendant une phase d’expérimentation en milieu réel et chaque acteur passera par un processus d’évaluation.


Cependant, la création d’un living lab n’est pas pour tout le monde, soutient Jun Xiao : « Trouver un financement peut-être difficile, d'autant que la plupart du temps le "produit" n’est pas identifié lorsque le projet débute… c’est dur de trouver un financement quand on veut vendre un projet sans cible finale! L’acceptation des acteurs n’est pas toujours là non plus : la méthode living lab comprend beaucoup d’incertitudes, les utilisateurs n’ont pas le confort d’une démarche classique au cours de laquelle ils s’appuient sur le chercheur considéré comme l’expert et situé plus haut dans la hiérarchie. On dit souvent qu’on nage dans le chaos ».


Le colloque, organisé en collaboration entre le CISA et le LLIO (living lab en innovation ouverte), a réuni quelques curieux, mais surtout toute une communauté d’acteurs de la démarche living lab au Québec. À grands coups de post-it, ces derniers ont partagé « leurs bons coups, leurs mauvais coups et leurs expériences ». Sortir des sentiers battus, comme l’annonçait le 83e congrès de l’Acfas, cela n’a donc jamais été aussi vrai!

Et quand je demande à Sandrine et Jun si elles possèdent la clé du succès ? Les deux jeunes femmes s’esclaffent en me regardant. « La recette de la réussite ? Il n’y en a pas. Cela dépend de ta cuisine et de tes ustensiles. Tu as beau avoir tous tes ingrédients, si tu n’as pas ton fouet à main, cela pourrait tout faire rater. »


Publié le 27 mai 2015 dans Découvrir à l'occasion du 83e congrès de l'ACFAS

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