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Photo du rédacteurRachel Hussherr

Quand le sol rebondit

Dernière mise à jour : 11 juil. 2022

Les calottes glaciaires, en Antarctique et au Groenland, abritent près des 2/3 de l’eau douce de toute la planète. Si toute cette glace fondait d’un coup, le niveau de la mer augmenterait de… 65 mètres! Les modèles climatiques actuels prévoient « seulement » une augmentation de 40 cm à un mètre d’ici l’an 2100.



Mais savais-tu que lorsque la glace fond, le sol qui se trouve dessous remonte progressivement? En géologie, on appelle ça le rebond isostatique. C’est que les différentes couches rocheuses sous tes pieds ne sont pas homogènes. La lithosphère, la couche de surface, repose sur une autre couche rocheuse du manteau terrestre, l’asthénosphère. Or, cette couche est dite « ductile », c’est-à-dire qu’elle s’étire et qu’elle se déforme plus facilement que la lithosphère au-dessus d’elle.


Quand de la glace s’accumule à la surface, son poids provoque l’enfoncement de la lithosphère dans l’asthénosphère. Comme lorsque tu t’allonges sur un matelas fait de mousse « à mémoire de forme ». Tu t’y enfonces confortablement en t’allongeant et lorsque tu te lèves, la forme de ton corps est encore imprimée dans le matelas qui prend un certain temps à revenir à la normale. C’est la même chose pour l’asthénosphère quand la glace fond, sauf que ce processus géologique prend généralement plus de 10 000 ans !


Un tel rebond s’observe actuellement au Groenland, où la disparition de la glace, qui s’accélère, fait remonter le sol jusqu’à 20 mm par an.


En Antarctique de l’Ouest, où plus de 250 milliards de tonnes de glace disparaissent chaque année depuis 2009, le phénomène est encore plus prononcé. Les scientifiques ont constaté que le rebond isostatique y est beaucoup plus rapide que la normale. Le sol pourrait remonter de près de 8 mètres en 100 ans. À cette vitesse, cela pourrait paradoxalement sauver une partie des glaciers de la région. Car ces derniers se trouvent actuellement sous le niveau de la mer, ce qui les expose aux courants d’eau chaude qui les grignotent par le dessous. À son tour, ce phénomène déstabilise toute la masse de glace.


Mais les scientifiques sont clairs : même si ces processus géologiques peuvent aider à stabiliser la calotte polaire antarctique, c’est la diminution de nos émissions de GES qui jouera un rôle décisif dans l’histoire.

 

Publié le 2 septembre 2019 sur le site internet de Québec Science



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